Fibrillation atriale et pathologies cardiovasculaires chez la femme
En France, les maladies cardiovasculaires constituent la première cause de mortalité chez la femme, représentant environ un quart des décès.(1,2) La modification du mode de vie des femmes et la méconnaissance de l’impact des spécificités hormonales sur leur risque cardiovasculaire sont les deux principales causes de cette problématique cardiovasculaire.(2)
Pourquoi la prévalence des maladies cardiovasculaires est importante chez la femme ?
Première cause de décès chez la femme, les pathologies cardiovasculaires tuent six fois plus que le cancer du sein.(1) Entre 2008 et 2013, le nombre d’hospitalisations pour infarctus du myocarde a augmenté de 19% chez les femmes de moins de 65 ans.(3)
Avec l’âge, la prévalence des facteurs de risque cardiovasculaire (FRCV) augmente à la fois chez l’homme et la femme, mais de façon plus importante chez la femme. De plus, à âge égal, les femmes présentent plus de FRCV que les hommes.(2) Ainsi, en France, entre 2000 et 2016, la prévalence du tabagisme a augmenté de 36% chez les femmes âgées de 45 à 54 ans, et de 92% chez celles de 55 à 64 ans.(2) En 10 ans, une augmentation de 21% de la prévalence du surpoids et de l’obésité a été observée chez les femmes.(4) Une femme sur deux souffrirait d’hypertension à 45 ans et environ 40% des femmes présenteraient une hypercholestérolémie après 55 ans. Par ailleurs, une femme sur deux pratique une activité physique régulière contre sept hommes sur dix.(2)

Le risque cardiovasculaire de la femme intègre une composante spécifique liée aux modifications hormonales qui surviennent tout au long de sa vie. La contraception, la grossesse et la péri-ménopause sont trois phases hormonales clés chez la femme. Pour les professionnels de santé, elles constituent autant d’opportunités de mettre en place des mesures préventives.(2) Les FRCV spécifiques à la femme incluent l’hystérectomie, les complications durant la grossesse (prééclampsie et diabète gestationnel) et le statut postménopause.(5)
Chez la femme, les maladies cardiovasculaires restent sous-diagnostiquées, en raison d’une sous-estimation de leur risque cardiovasculaire et d’une présentation clinique plus fréquemment atypique que chez l’homme.(5,6) Lors d’un infarctus du myocarde, les femmes peuvent ainsi présenter des symptômes atypiques tels que des nausées, des palpitations, une douleur épigastrique ou dorsale ou une dyspnée.(5,6)
Quelles sont les différences observées chez la femme en matière de fibrillation atriale ?
Les femmes atteintes de fibrillation atriale (FA) présentent un risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) plus important que les hommes en présence d’autres facteurs de risque d’AVC conventionnels ou lorsqu’elles sont âgées de 65 ans ou plus.(7) Comparativement aux hommes, la gravité initiale de l’AVC est également plus importante et le pronostic à long terme plus défavorable concernant le niveau d’invalidité permanent ou le risque de récidive.(7)

Les femmes atteintes de FA sont plus souvent symptomatiques que les hommes et présentent des symptômes plus sévères.(8,9) Des différences entre les deux sexes sont observées en termes de physiopathologie notamment en ce qui concerne le rôle des foyers extra-veineux pulmonaires, l’altération des courants ioniques cardiaques et l’étendue de la fibrose de l’atrium gauche.(7)
Comparativement aux hommes, les femmes avec de la FA sont plus âgées, et sont plus fréquemment atteintes d’hypertension, de maladies valvulaires, d’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection préservée tandis qu’elles présentent moins souvent une maladie coronarienne.(7)
Les stratégies de contrôle du rythme sont moins réalisées chez les femmes que chez les hommes avec des différences significatives en faveur des hommes dans les taux de cardioversion électrique et d’ablation par isolation de la veine pulmonaire.(7,9) De nombreuses études démontrent une utilisation similaire des anticoagulants oraux chez les hommes et les femmes atteints de FA mais certaines publications rapportent une utilisation moins fréquente chez la femme avec un recours plus fréquent à l’aspirine.(7,9) Concernant les traitements par antivitamine K, le sexe féminin serait associé à un temps passé dans l’intervalle thérapeutique (i.e., un international normalized ratio [INR] compris entre 2,0 et 3,0) réduit par rapport à celui du sexe masculin.(7)
Références :
1. Boulat T et al. Principales évolutions de la mortalité par cause médicale sur la période 2000-2016 en France métropolitaine. BEH. Novembre 2019;29-30:576-84
2. Mounier-Vehier C et al. Stratification du risque cardiovasculaire de la femme : optimiser les prises en charge. Press Med 2019 ;48(11):1249-56
3. Gabet A et al. Infarctus du myocarde chez la femme : évolutions des taux d’hospitalisation et de mortalité, France, 2002-2013. BEH. Mars 2016;7-8:100-8.
4. Santé Publique France. Études et enquêtes. Étude de santé sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition (ESTEBAN 2014-2016). Volet Nutrition. Chapitre Corpulence. Juin 2017.
5. Keteepe-Arachi T & Sharma S. Cardiovascular Disease in Women: Understanding Symptoms and Risk Factors. Eur Cardiol. 2017 Aug;12(1):10-3.
6. Manzo-Silberman S. Infarctus du myocarde chez la femme : quelles spécificités ? Press Med. 2020;32(4):161-6.
7. Linde C et al. ESC Scientific Document Group. Sex differences in cardiac arrhythmia: a consensus document of the European Heart Rhythm Association, endorsed by the Heart Rhythm Society and Asia Pacific Heart Rhythm Society. Europace. 2018 Oct 1;20(10):1565-1565ao
8. Hindricks G et al. 2020 ESC Guidelines for the diagnosis and management of atrial fibrillation developed in collaboration with the European Association of Cardio-Thoracic Surgery (EACTS). Eur Heart J. 2020;42:373-498.
9. Schnabel RB et al. Gender differences in clinical presentation and 1-year outcomes in atrial fibrillation. Heart. 2017 Jul;103(13):1024-30.
10. Strømnes LA et al. Sex Differences in Quality of Life in Patients With Atrial Fibrillation: A Systematic Review. J Am Heart Assoc. 2019 Apr 16;8(8):e010992.
Réf PP-UNP-FRA-1791 - CV-FR-2300184-NP - Septembre 2023